Duc Tran est un jeune graphiste qui a décidé de dessiner des illustrations en parallèle de son travail. Son univers inquiétant et japonisant se nomme Mu, faisant écho au mythe du continent perdu. Ses personnages inspirent un sentiment ambivalent, entre curiosité et crainte. Cette activité, débutée pour le plaisir, prend de l’ampleur dans la vie de Duc et sa singularité s’affirme à chaque nouveau projet.

© Duc Tran. Site L'Envers du Décor www.lenvers-du-decor.com


Peux-tu te présenter en quelques mots?

Je m’appelle Duc Tran, j’ai 28 ans, je suis graphiste à Saint-Étienne et je dessine, à côté, pour le plaisir. J’expose régulièrement, je participe à des conventions et à des popup stores.

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Comment définierais-tu ton univers?

Il est onirique, fantomatique, rêveur avec un côté sombre. Je suis très influencé par les vêtements traditionnels et par le folklore japonais.

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Comment a débuté ta passion pour l’illustration?

Le dessin est la première chose que j’ai faite, quand j’étais petit. Je dessine depuis toujours. Plus grand, j’ai fait des études de graphisme aux Beaux-arts parce que l’illustration est un domaine bouché. J’ai préféré m’orienter vers une discipline qui me semblait plus accessible. Mais le plaisir du dessin est resté intact.

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Quel a été ton parcours avant les Beaux-arts?

J’ai fait un Bac scientifique, ensuite, ça a été compliqué. J’ai fait des études en coiffure, j’ai travaillé en interim, dans la restauration… je ne savais pas ce que je voulais faire. J’avais abandonné l’idée de travailler dans l’art parce que j’étais trop jeune, je n’avais pas les épaules pour assumer. Mais je me suis aperçu que c’était l’unique domaine qui me passionnait. J’ai donc décidé de m’y remettre et j’ai intégré l’école des Beaux-arts de Caen.

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As-tu mis du temps à trouver ton style, tel qu’il est aujourd’hui?

Oui, ça a été très long. Petit, j’ai été influencé par les mangas et j’étais prisonnier de cet univers. C’est grâce à mes études en art que j’ai réussi à m’en détacher. Je me suis ouvert à d’autres voies, d’autres façons de voir l’illustration et l’art en général. Le déclic a eu lieu lors d’un projet à l’école. Un professeur nous a demandé de créér un état-nation imaginaire. Le but était donc de donner corps à ce monde en concevant différents supports : drapeau, livre d’histoire, typographie, monnaie, cartographie, etc. C’est à cette occasion que j’ai décidé de me relancer dans le dessin. C’est ainsi que le projet a démarré. J’ai lancé une édition et une carte qui ont plu à mes professeurs et à mes amis. Ça m’a encouragé à continuer. J’ai appelé ce projet Mu et je le poursuis depuis ce jour.

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Tes personnages sont parfois effrayants, y a-t-il une raison spécifique?

Mes monstres sont inspirés du folklore japonais où cohabitent esprits, guerriers et créatures en tout genre. Je suis fasciné par ce que l’imaginaire humain est capable de produire. Ce qui suscite la peur, l’effroi, l’inconnu et dérange les gens est une source d’inspiration. Je me suis naturellement intéressé au tatouage car c’était rempli de préjugés. Petit, je me suis toujours senti isolé à cause de ma grande timidité. Dessiner ces monstres un peu grotesques était une façon d’avoir des compagnons.

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Dans différentes cultures, les masques agressifs sont principalement défensifs. Ils sont utilisés pour éloigner les mauvais esprits, tes dessins s’inscrivent-ils dans cette démarche ?

Oui, ce que les gens voient comme monstrueux, je le vois comme une protection. C’est comme les tatouages que je porte. Enfant, je n’avais pas du tout confiance en moi et, désormais, le fait de porter ces dessins corporels agit comme une parure qui me rend plus fort. Dessiner des monstres est également une façon de gagner en maturité. Je déteste tout ce qui est niais et mignon.

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Photos : © Duc Tran. Photographies fournies par Duc Tran et publiées avec son autorisation.