Tatoueuse, artiste et modèle, Lucile est une personne dynamique et passionnée par de nombreux domaines. Créatrice du salon de tatouage DeadMunchStreet à Nantes, elle présente son parcours au Japon puis en France, son style sombre et floral et sa fascination pour les oeuvres réalistes.

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Qui es-tu ?

Je m’appelle Lucile, on m’appelle Leeloo, originaire de Pornichet, je suis tatoueuse, gérante du shop DeadMunchStreet, peintre-dessinatrice et modèle-comédienne, métier que j’exerçais à temps plein auparavant. Désormais je suis modèle en free lance, pour le plaisir. J’organise également des soirées, je fais plein de choses assez différentes.

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Comment définis-tu ton univers ?

Je dirais très sombre mais pas triste pour autant. Plutôt calme et doux, le côté calme et apaisant du sombre.

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D’où vient le nom de ton shop « DeadMunchStreet » ?

Quand je vivais au Japon, il y avait un film qui s’appelait the Dead Monk (le moine mort) et, avec une de mes amies, on n’arrêtait pas de manger. Nous avons appelé un petit projet que nous faisions ensemble the Dead Munch.

Ensuite, j’ai choisi le nom DeadMunchStreet parce que, à l’origine (et c’est encore un peu le cas), j’imaginais une rue avec plein de petites échoppes de différents artistes et le DeadMunch au bout de cette rue.

Le but était de promouvoir des artistes très différents, de les mettre en relation et de faire parler les voisins de cette petite rue entre eux. Je faisais déjà ça au Japon et je continue un peu.

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Quel a été ton parcours avant le lancement de ton shop à Nantes ?

Au départ, je gribouillais toute seule chez moi, Un tatoueur polynésien m’a donné une aiguille un jour, et j’ai appris à tatouer par moi-même à tâtons et avec les précieux conseils de mon ami Hiderow (Tommy’s fire tattoo). Ensuite, j’ai tatoué ma mère. À l’époque je tatouais par pur plaisir de dessiner sur les gens, et pour montrer aux gens que la peau était un matériau pouvant accueillir des choses différentes que les styles que tout le monde connaît. Je suis partie vivre au Japon à l’âge de 19 ans et je tatouais un peu mais en tant que passion car j’étais modèle à plein temps.

Je dessinais et je peignais, je voyais le tatouage comme un support de plus. Quand le mannequinat est devenu un peu trop dur et fatiguant, j’ai commencé à travailler un peu plus régulièrement dans le tatouage.

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Tout d’abord, chez Shimada Tattoo à Shibuya (Tokyo), j’ai eu la chance de travailler aux côtés de Shimada Toshio, j’ai ensuite travaillé avec Shibuya Kazu. Ils m’ont tous les 2 appris le style traditionnel, le respect du métier et du client, de l’hygiène, et le respect de soi-même. Un jour, Kazu Shibuya m’a dit qu’il ne souhaitait plus avoir de shop. Il m’a proposé d’ouvrir le mien et de venir y travailler.

En 2010, sur ses conseils, j’ai donc ouvert mon propre salon à Tabata (Tokyo) à côté du troisième grand tatoueur à m’avoir conseillée, En (autrefois appelé Horizaru). J’avais un gros boss du tatouage pas très loin, avec qui je pouvais discuter et partager en plus des anciens collègues. Le milieu du tatouage n’était pas vraiment mon truc à l’origine. C’est une compétition permanente, il y a beaucoup de vantardise. Je fais ce métier uniquement parce qu’il me plaît.

Au Japon, ça me faisait plaisir de rencontrer des gens dans la même démarche que moi. En 2011, il y a eu les événements de Fukushima et, après cinq ans et demi au Japon, je suis rentrée en France.

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J’ai travaillé chez B-side Tattoo à Nantes et j’ai ouvert mon salon actuel dans la foulée en 2012-2013. On a agrandi il y a un an parce que Drop, également tatoueuse, s’est installée avec moi au salon. À l’époque, mon shop faisait seulement 16 m2 et il était uniquement prévu pour moi. Nous nous sommes finalement retrouvées à 2 puis à 3, ce n’était plus possible. Ce n’était pas prévu mais tant mieux !

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Comment a débuté ta passion pour le dessin puis pour le tatouage ?

Chez moi, on dessinait tout le temps. J’étais tout le temps chez mes grands-parents avec ma soeur et mes cousins et on passait des après-midi entiers à dessiner des cartes au trésor, des pokemon, des tampons, etc.

Avant de connaître le tatouage, je faisais déjà des tatouages à l’aiguille sur mes mains sans encre. Je ne savais pas qu’en ajoutant uniquement de l’encre, ça faisait un tatouage. J’ai découvert ça plus tard, c’était génial. . J’ai essayé sur des pieds de cochon. J’ai ensuite commencé à me tatouer puis ma mère. Elle m’a dit que si je comptais vraiment en faire mon métier elle préférait que je commence par elle. La première fois que j’ai tatoué avec de l’encre, j’ai trouvé ça marrant et un peu dur. Il s’agissait de 3 petites étoiles sur mon pied. J’ai ensuite fait un petit hippocampe sur ma mère. J’utilisais une seule aiguille, une par tatouage.

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Quelles sont les étapes habituelles pour concevoir un tatouage ?

La personne qui vient au salon va me demander ce qu’elle veut : la taille, le style, l’univers, etc. Je vais lui demander les ambiances qu’elle aime.

En général, je vais sur internet ou je regarde dans des livres. J’ai une base de données phénoménale avec environ 8 000 images. Je prends des photos de tout : des bâtiments, des fleurs, etc. Sur internet, je vais sur Pinterest et je prends toutes les images qui me plaisent. Ce sont principalement des photographies. J’ai une base de données d’art mais je m’en sers rarement pour dessiner parce qu’il me faut une base réaliste. Je vais régulièrement dans des jardins, dans des refuges d’animaux, je vais voir des bâtiments et je prends en photo beaucoup de détails. Je les imprime et les colle. J’ai également beaucoup de visuels de paysages, je bouge beaucoup, je vais voir la mer, marcher dans la forêt, etc. Quand je sors et que je laisse mon esprit vagabonder, les idées surgissent d’un coup. Je conduis, je cours ou je marche longtemps et sans musique.

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Des personnes viennent dans ton salon avec une idée précise en tête ou proposes-tu parfois tes propres dessins directement ?

Il y a des dessins que je fais par plaisir et que je propose sinon les gens viennent avec une idée, je trouve le motif, je calque beaucoup les photos et je les remplis ensuite à ma manière. C’est principalement comme ça que je fonctionne. Je calque des photos d’animaux et de fleurs.

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Tu me disais que tu t’inspires également de l’art, où vas-tu chercher ton inspiration ?

Je cherche rarement dans des livres parce que je ne prends pas le temps. Je vais voir des expositions mais je suis un peu difficile, j’aime ce qui est assez classique comme, par exemple, la Chapelle de l’Oratoire à Nantes. Je n’aime ni ce qui est trop moderne, ni ce qui est trop classique.

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Crédits photos : photographies publiées avec l’autorisation de Leeloo © DeadMunchStreet