Cartes morcelées
& mondes réinventés
Designer graphique devenue artiste, Charlotte Bourrus est fascinée par les cartes et la notion de territoire. Dans son atelier, elle opère un travail minutieux de documentation, cartes postales, fascicules, ouvrages rares ou scientifiques, publicités, denrées alimentaires et tissus, dont elle prélève les éléments symboliques ou représentatifs. Fascinée par l’inconnu, elle offre ainsi son interprétation du territoire en superposant des strates d’éléments découpés. En résulte, au choix, mappemondes morcelées à loisir, ou globes foisonnants qui se donnent à contempler sur le principe d’une boule à neige inversée.
Pouvez-vous vous présenter?
Je suis une graphiste, devenue une artiste. Et je suis même une « paper artist ». J’ai trouvé cette catégorie, elle me va comme un gant, puisque oui, je ne travaille que le papier.
Comment définissez-vous votre univers?
Géographique, tous les travaux que j’engage sont intimement liés à la géographie, aux territoires, aux frontières. Je travaille des cartes, puis ce sont des villes que j’ai mis sous cloches et aujourd’hui j’enferme des lieux dans des vitrines.
Quand et comment avez-vous commencé cette activité?
J’ai exactement commencé en janvier 2013, c’est pour les 30 ans d’une amie que j’ai créé la première petite carte. C’était l’Antarctique.
Quel est votre parcours?
J’ai fait une école d’art, les art déco à Paris. Une grande école on peut le dire. J’ai été formée à la communication visuelle, mais pas seulement. Dans cet école on apprenait tout. J’ai eu un flash sur la sérigraphie, la vidéo.
Et on dessinait, beaucoup. J’ai eu besoin de ça pour devenir plus « arty » aujourd’hui. Chez moi ça passe par l’apprentissage, ce n’est pas innée.
Comment a démarré cette passion pour les cartes?
Je pense que cela vient de ma découverte du voyage, de l’ailleurs. Nos parents nous ont fait voyagé. Prendre un avion, le simple fait d’être à l’aéroport, me rendait dingue.
J’ai fait mon premier grand voyage en Asie du sud-est, j’avais 18 ans. L’envie de voir tous les pays du monde est venue. Et donc de lire les cartes, pour se situer. Chaque nom de ville me fait tripper. Je peux lire une carte des heures. Ensuite, ma sœur Caro m’a offert le grand Atlas du Times pour mes 30 ans, je crois que j’ai scanné toutes les pages.
On faisait un truc drôle avec ma sœur Caroline, on ouvrait un atlas au hasard et on pointait du doigt un endroit, on disait « tu vivras là », elle tombait sur des destinations de malades à chaque fois, moi je tombais sur les Landes, super, d’où viennent mes parents. C’était pas hyper exotique même si on adorait.
Résultat : j’y vis aujourd’hui !
Quand avez-vous créé votre première pièce et qu’est-ce que c’était?
Cette carte de l’Antarctique, en 2013 c’était le prémisse des maps personnalisées.
D’où vient votre inspiration?
Des pays, de leur culture, et puis de tout. C’est un tout. Un son, ma fille, un titre. Tout fait écho.
Photos : @boulrostan, @maxdevanlay, @clairesaucaz. Photographies fournies par Charlotte Bourrus et publiées avec son autorisation.