Différentes créatures peuplent l’univers énigmatique et japonisant de la peintre et illustratrice Izumi Idoia. On y voit des figures féminines, enfantines ou fantomatiques qui nous entrainent dans une autre sphère.
Partons à la découverte des créations et du parcours d’Izumi.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
je m’appelle Izumi Idoia et je travaille comme illustratrice/peintre indépendante à Nantes.
Mon vrai prénom est basque (mon père est né près de Bilbao), Idoia veut dire “source d’eau”.
Mon surnom Izu vient de mon année passée au laboratoire Map Gamsau à Marseille en 1999. Je suis ensuite allée au Japon en 2004 et j’ai découvert la péninsule d’Izu et le prénom Izumi qui veut dire… “source d’eau”!!
Comment définissez-vous votre univers?
Mes dessins et peintures se construisent souvent autour de créatures féminines, enfantines ou fantomatiques et de profusions de motifs végétaux. Ils sont imprégnés de rêveries, de danse, de musique et d’esthétisme japonais.
J’aime travailler les couleurs et questionner les rapports entre le corps et la nature, le présent et l’au-delà, le doux et le sauvage. J’ai aussi un besoin profond de connexion avec le monde des fantômes, car c’est celui où vit ma mère depuis longtemps.
Quand et comment avez-vous décidé de lancer votre activité?
Après mes études, j’ai travaillé 6 ans en tant qu’illustratrice-graphiste salariée dans différents bureaux de style à Barcelone et je me suis mise à mon compte quand je suis rentrée à Paris en 2006. J’ai trouvé un agent, je suis allée voir beaucoup de directeurs artistiques et petit à petit, j’ai eu de plus en plus de commandes dans la mode, l’edition… J’ai aussi commencé à travailler avec le très bel éditeur Mon Petit Art!
Quel a été votre parcours avant ce lancement?
J’ai fait des études d’architecture et multimédia à Bordeaux, Barcelone, Montpellier et Marseille et en parallèle des études de musique en Art lyrique.
J’ai beaucoup appris mais au fil du temps, il me semblait évident que je n’étais pas douée pour l’architecture et que je voulais continuer la musique juste pour le plaisir donc je ne savais pas du tout quoi faire!
Quand j’ai fini mes études, je savais juste que je ne voulais pas travailler en France donc je suis partie m’installer à Barcelone où j’ai trouvé une colocation chez un couple de peintres (heureux hasard) et j’ai fait des petits boulots en répondant aux annonces qui me plaisaient.
Un mois après, j’ai été embauchée chez Dresslab (revue de mode et d’art en ligne) en montrant mes carnets de dessins!
A partir de là, j’ai enchainé plusieurs expériences auprès de Nomon Design, d’Agatha Ruiz De La Prada, Jordi Labanda… où j’ai réellement tout appris: dessiner toutes sortes de choses dans tous les styles, créer des motifs, des collections, utiliser photoshop, illustrator, préparer des documents techniques pour la Chine, faire des sites internet, de la programmation, des animations… Quel bonheur et quelles rencontres extraordinaires! J’ai adoré ces 6 années!
Pour résumer, je ne me suis jamais dit : « je serai illustratrice » mais je me suis laissée porter par mon instinct et on dirait que cette méthode a fonctionné!?
Comment a démarré cette passion pour l’illustration et la peinture?
Mon environnement familial était assez créatif donc j’observais les adultes créer, peindre, faire du théâtre…
Mon père et ma mère aimaient dessiner, chanter, voir des expos, acheter de beaux livres et des tissus colorés. J’ai aussi beaucoup observé les fleurs-collages de ma grand mère et les très belles peintures de mon beau-père qui m’a offert ma première boîte d’aquarelle à 10 ans, ce fut un vrai déclic!
Je me souviens que mon grand plaisir était de m’enfermer avec du rock ou de l’opéra et de dessiner pendant des heures, souvent en chantant et ça n’a jamais changé ;-).
Dessin réalisé par Izumi Idoia quand elle avait 13 ans.
Quand avez-vous créé votre première illustration et qu’est-ce que c’était?
En primaire, ma maitresse accrochait toujours mes dessins au mur et mes amies aimaient beaucoup que je leur en offre.
Sinon, la première illustration pour laquelle j’ai eu une vraie rémunération c’était une série de dessins de mode après un défilé à Barcelone pour le magazine Dresslab en 2000 je crois.
Comment fonctionne votre processus de création (croquis, moodboard, références tirés de la mode, du cinéma ou autre)?
Je suis en constante ébullition d’idées donc j’ai toujours des carnets pour griffonner (même la nuit).
Que ce soit pour des commandes ou des projets personnels, au début, je vais ailleurs, souvent au café et je commence à écrire des mots, à esquisser des choses puis je vais marcher puis je retourne écrire et dessiner… Quand j’ai des pistes, je vais à la bibliothèque ou je regarde sur internet pour chercher des images clefs qui vont me permettre de garder le fil.
Souvent, je colle des images sur un moodboard pour que mon cerveau reste connecté au chemin que j’ai choisi. Quand je bloque, je vais encore marcher.
C’est un processus sinueux guidé par le doute puis l’euphorie, puis le doute, puis l’euphorie…
Je cherche mes inspirations dans tous les domaines: l’art contemporain, la mode, toutes les musiques, la science, l’astronomie, la littérature… je suis plutôt tournée vers tout ce qui est nouveau et le futur, je ne suis pas du genre nostalgique ni vide-grenier.
Pour mes créations personnelles, c’est la musique qui me guide le mieux pour tenter de rendre visible l’invisible. Elle me permet de me laisser porter par des visions colorées et des rêveries hypnotiques. ensuite j’improvise de façon instinctive et ludique.
Ce sont des instants précieux où je me sens à la fois en dehors du monde et avec le vaste monde, très loin d’ici… j’adore.
Y a-t-il des endroits où vous allez chercher des idées? Si oui, où?
À Nantes, ce sont les bibliothèques, les lieux d’expositions et de spectacles ou tout simplement dans mon jardin et dans les yeux de ma fille. Mais le plus inspirant, pour moi, reste le Japon (j’y retourne en avril!) et l’univers infini mais je n’ai toujours pas mon diplôme de cosmonaute!
Pour lire la suite : Izumi Idoia – 2/3 Savoir-faire
Photos : © Izumi Idoia. Photographies fournies par Izumi Idoia et publiées avec son autorisation.